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« Face au RN de plus en plus offensif, le camp présidentiel apparaît plus vulnérable qu’il y a cinq ans »

La scène politique se prête parfois à d’intéressantes comparaisons. A un jour d’intervalle, deux personnalités qui ont pour points communs une solide formation philosophique, une expérience européenne qu’ils valorisent et la tâche peu commode de défendre les couleurs de familles politiques en grande difficulté ont occupé le devant de l’estrade. Samedi 23 mars, aux Docks de Paris, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), François-Xavier Bellamy a inauguré le premier meeting de campagne du parti Les Républicains (LR) en vue des élections européennes du 9 juin. Dimanche 24 mars, à Tournefeuille (Haute-Garonne), Raphaël Glucksmann, le leader de Place publique, a tenu son premier rassemblement public en compagnie des socialistes, dont il est chargé de défendre les couleurs pour la deuxième fois d’affilée.
A la marée de drapeaux bleu-blanc-rouge brandis samedi a répondu le lendemain une forêt d’étendards rose et jaune. Le clivage gauche-droite que les deux camps s’échinent à réactiver s’est visuellement imposé sans parvenir à gommer la différence de ton entre les deux acteurs. Défensif d’un côté, conquérant de l’autre. « Ne pas subir » a été le leitmotiv de François-Xavier Bellamy qui, pour tenter de desserrer l’étau dans lequel l’enserrent Renaissance et le Rassemblement national (RN), se veut le promoteur d’une « droite paisible qui s’assume ». Mettre dans l’urne le « bulletin de l’espoir » a été le credo de Raphaël Glucksmann, qui a assigné à chaque militant la mission de créer les conditions d’« être la surprise du 9 juin ».
Un tel décalage peut surprendre, car, sur le papier, la droite républicaine et la gauche sociale-démocrate partent avec le même handicap. Depuis 2017, elles sont les deux grandes victimes du coup de torchon administré aux vieux partis de gouvernement par Emmanuel Macron. LR et le Parti socialiste (PS) ont eu beau résister par tous les moyens au « en même temps », ils n’ont jusqu’à présent pas réussi à sortir du piège. Non seulement leur prétention à remonter la pente lors de la présidentielle de 2022 s’est soldée par un échec cinglant (4,78 % des suffrages exprimés pour la candidate LR, Valérie Pécresse ; 1,75 % pour celle du PS, Anne Hidalgo), mais les extrêmes n’ont cessé de les grignoter, si bien que la configuration de la campagne européenne ressemble à celle de 2019 : un match dominé par l’affrontement entre le RN et le camp présidentiel, organisé comme tel par les deux protagonistes pour ne laisser qu’un espace dérisoire aux autres formations politiques.
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